Quel outil logiciel pour un Energy Manager ?

Le métier d’Energy Manager est relativement récent, son apparition depuis quelques années dans les entreprises est en forte progression suivant ainsi l’évolution des besoins de « management énergétique ». Les outils à sa disposition doivent être pertinents, en particulier le Système de Management Energétique sur lequel il pourra s’appuyer à chaque instant.

L'Energy Manager

Son rôle

Son rôle est central dans la façon d’appliquer la stratégie environnementale de l’entreprise, mais alors quels sont réellement ses rôles ? Quel type de moyens faut-il attribuer à ce nouveau poste pour être efficace ?

D’un point de vue général, on peut isoler les activités principales suivantes :

  • Animation du groupe SME
  • Analyser et identifier les sources des progrès qui seront ensuite proposer au comité ISO50001 sous forme d’action (on fait quoi ? comment ? ça coûte combien ? Et en étant plus concret ça peut rapporter combien ?)
  • Suivre les actions énergétiques avec résultats effectifs en termes KWh gagnés et ROI financier
  • Effectuer de la sensibilisation auprès des usagers (règles de bonne conduite, formation, etc.) mais aussi récupérer les bonnes idées venant du terrain
  • Gérer les intervenants extérieurs (visiteurs, audits, etc.)
  • Négocier avec les fournisseurs au niveau des achats et contrats d’énergie.
  • Et autres …

En résumé, c’est un rôle transversal, complet qui mélange un savoir technique et un savoir-faire collaboratif relationnel. En effet, l’animation d’un SME, la relation avec les usagers, les fournisseurs et les intégrateurs fait partie intégrante du poste.

L'outil de Système de Management Énergétique (SME)

Qu’attendre d’un logiciel de management énergétique ? Quelles sont les fonctionnalités que l’on peut (ou doit) retrouver ?

Si le logiciel doit être le couteau suisse de l’Energy Manager lui permettant de s’exprimer pleinement, est-il en mesure de faire des traitements avancés ? de proposer une méthodologie complète ? d’avoir les données dans le bon format ? Que ces dernières apportent une réelle plus-value pour l’Energy Manager ? sous peine de passer son temps à manipuler des données informatiques, ce qui n’est pas son métier.

Au sein de cet article, nous verrons quelques fonctionnalités qui nous semblent importantes pour ce métier.

Nous pourrons également constater que la vision simpliste d’une « gestion énergétique » avec des synthèses mensuelles de consommation est un leurre et perdure encore aujourd’hui avec certains produits.

Nous avons une expérience en tant qu’éditeur logiciel d’historian technique de plus de 15 ans et un développement R & D continue de plus 7 ans dans le domaine énergétique afin de comprendre et anticiper les besoins pour ce nouveau métier d’Energy manager, et il reste encore à faire malgré cette maturité parce que les besoins et les usages évoluent en permanence.

L'analyse Technique

Premier point, il faut pouvoir analyser le comportement TECHNIQUE d’un équipement de façon individuelle. C’est souvent par la compréhension de comment fonctionnent mes équipements que je pourrais définir une action de progrès et de réglage.

L’Energy Manager doit disposer d’un outil souple (sans intervention informatique) pour créer ses propres vues d’analyse en fonction de son besoin du moment, ce qui n’est pas forcement préétabli. Certaines choses peuvent être préparées (nous appelons ça un catalogue de vues de base), et d’autres sont liées à l’analyse en elle-même.

Exemples simples :

  • Suivre un compteur électrique de consommation avec le démarrage d’un atelier (notion de pic)
  • Contrôler le fonctionnement d’une centrale traitement d’air CTA (consigne, réglage, température)
  • Contrôler un débit d’eau ou d’air au travail au repos
  • Contrôler la température d’un bureau

Certaines de ces fonctionnalités sont disponibles au niveau du superviseur GTC/GTB, mais ce n’est pas toujours le cas lorsque chaque superviseur est différent. Il est donc difficile, voire impossible de faire de l’analyse dessus. Un système de management énergétique bien conçu peut directement lire les capteurs dans les équipements et avoir un rôle d’hyperviseur mono ou multi sites.

Exemples plus avancés :

  • Contrôler si un équipement est surdimensionné ou sous dimensionné (notion de calcul avec une courbe monotone)
  • Auto comparer une consommation sur 7 jours pour mesurer le talon de consommation (travail/repos)
  • Faire la signature énergétique de consommation par rapport à une température extérieure (notion de signature Fx selon le DJU)

Le contrôle automatique sur les données

Un Energy manager doit fournir des calculs, des rapports et autres Dashboard, alors comment effectuer ces tâches s’il y a un doute sur la qualité des données ?

D’un autre côté, Pourquoi ces données seraient elles altérées si le système est fiable ? Tout simplement parce qu’elles sont fournies par différents équipements, suivant différents protocoles, par différents fournisseurs, ce qui apporte de la complexité et de la fragilité à l’installation.

Exemples de PB techniques relativement courant :

  • Un compteur défectueux est remplacé, mais son index sera incohérent.
  • Des travaux occasionnent des coupures, et il n’y aura pas d’enregistrement
  • La maintenance informatique coupe le serveur pendant 2h

Autres exemples plus difficiles à détecter liés à l’Energie, mais pourtant essentiels :

  • Le relevé entre compteur principal et ses sous-compteurs est incohérent, ce qui traduit un Pb d’équilibrage sur le plan de comptage (fuite d’énergie ou dérive !)
  • Alerte de consommation travail /repos
  • Mon capteur semble figé alors qu’il semble connecté

Si l’outil ne dispose pas d’un système de détection automatiquement des incohérences, le temps nécessaire pour identifier un problème sera titanesque (voir impossible dans certains cas) ! La détection est une chose, il faut aussi proposer les outils de correction avec gestion des conséquences sur les historiques calculés.

L'analyse Energétique comparative avec facteurs influents

Une fois les capteurs collectés et centralisés, il est important de pouvoir comparer facilement à une période antérieure. Cet aspect est assez simple, pourtant des subtilités apparaissent rapidement avec des outils standard de Reporting ou de supervision qui n’ont pas été programmer pour ça.

En effet, quid :

  • Si je consomme plus (ou moins) que l’an dernier, c’est peut-être normal si j’ai un ou plusieurs facteurs qui ont évolués : Température Extérieurs DJU, plus de production, ou un taux fréquentation plus élevé par exemple
  • La comparaison partielle d’un mois ou d’une année en cours fausse les extractions simples de date à date
  • Comment décaler et analyser des résultats qui ne sont pas forcément en années civiles mais plutôt en correspondance avec le bilan financier de l’entreprise

On le voit bien une analyse comparative cache de nombreux aspects comme les facteurs influents et autres qui doivent être intégrés de base dans le logiciel.

L'analyse énergétique répartie en réseau (ou plan de comptage)

Questions simples : où est consommée mon Energie ? Pour quel usage ? Dans quelle proportion par rapport à un sites ou plusieurs sites.

Questions essentielles pour définir souvent les priorités de progrès à faire (loi des 80 / 20) si on veut pour se concentrer sur les plus consommateurs.

Pour ceci, le logiciel doit proposer des calculs de compteurs virtuels, cumul de regroupement de façon automatique. Le but étant le contrôle de l’équilibre de l’arbre énergétique (où passe les flux énergétiques ?).

Le calcul des indicateurs de performance énergétique

Un calcul de performance se traduit souvent par une équation assez simple, le but étant d’établir un étalon entre consommation multi énergies (Elec, Gaz, etc.) par rapport à un ratio au m² ou à la production de l’entreprise. Il y a toutefois des difficultés à prendre en compte car les données ne sont pas toujours renseignées automatiquement. Il faut pouvoir effectuer des saisies manuelles de façon asynchrone, ce qui amène le logiciel à faire des calculs rétroactifs (automatiquement de préférence).

Ces indicateurs sont uniques à chaque entreprise tant dans la manière de calculer (l’expression) que sur le type de ratio.

L’Energy Manager doit être en capacité de créer (et modifier) les indicateurs de performance afin d’appliquer de nouvelles règles de calculs ou même créer des simulations qui lui sont propres (ce qui exclut tout développement spécifiques).

Une question sous-jacente extrêmement importante, si je change les méthodes de calculs, comment je peux garantir les résultats passés (ou historiques) de ces calculs, avec quelles données a-t-on produit ce résultat ? dans quelles conditions ? Ce qui amène obligatoirement à se poser la question d’une gestion des formules et valeurs pour garantir vos résultats.

Le calcul des consommation/produit (ou usage)

Dans l’industrie surtout, un phénomène est souvent exprimé sous forme : je consomme combien par Lot et par type fabrication ?

A ceci, je pourrais ajouter l’exemple tertiaire, d’une consommation en fonction de phases techniques (exemple un parc aquatique Ouvert/Fermé/en Maintenance, etc.).

Le logiciel doit être en mesure de calculer automatiquement un changement d’usage à la volée pour effectuer des cumuls par produit, lot, ou usage variable.

Connaitre la consommation par produit, permet de calculer plus précisément le PR de celui-ci, et d’envisager en fonction du plan de production une maitrise des prévisions aux fournisseurs (économies financières importantes à la clé).

Pas de traitement dans vos équipements, le logiciel doit proposer des méthodes ce qui faciliteront grandement la maintenance et la souplesse du système.

La ventilation des consommations aux services ou locataires

Le management énergétique apporte un besoin évident dans la ventilation des énergies à leur consommateurs, on distingue deux aspects :

  • L’aspect refacturation (faire payer les services ou les locataires en fonction ce qu’ils consomment)
  • L’aspect pédagogique (produire un rapport précis en fonction ce qu’ils consomment, le but étant de les sensibiliser encore plus à la démarche)

Dans ce cas, les installations sont souvent changeantes (modification de locataire, changement de bureau, etc.) il faut donc prévoir une gestion relativement souple des compteurs affectés à chaque client sans devoir effectuer des traitements informatiques incompatibles.

Le suivi des actions énergétiques et calcul des gains (suivant l'IPMVP)

C’est l’une des fonctionnalités les plus importantes, dans le métier de l’Énergy Manager : pouvoir renseigner, mesurer, comparer une situation avant et après une action énergétique.

Constater les gains énergétiques, le démontrer via des données !

Cette démarche trouve son origine dans la méthode OSI de l’IPMVP (International Performance Measurement and Verification Protocol) qui donne des pistes sur la manière d’évaluer sans donner les outils informatiques associés.

C’est aussi un résumé de l’ISO 50001 qui consiste à suivre des actions énergétiques de progrès, (voir articles sur le sujet « Mettre en place un SME ISO 50001 ») les mesurer et contrôler le résultat auprès du SME.

On peut résumer d’une façon simplifiée et pragmatique : Quelle sont les actions effectuées sur ce site ? Combien de gains pour combien d’investissement ?

La méthode est disponible sur internet et vous pouvez la solliciter et faire une formation avec un organisme agrée.

En ce qui concerne le produit logiciel, il est important de vérifier que cette fonctionnalité IPMVP est disponible dans le produit sous peine de calculs fastidieux (voir impossible dans certains cas de simulations par régression multiple).

A quoi cela peut concrètement servir ?

  • Je change un éclairage en LEB, combien de gain ? avec quel ROI ?
  • Je vais isoler un bâtiment, quel impact sur la consommation d’électricité et de Gaz ?
  • Je vais remplacer un moteur par un variateur, combien de conso évitée ?
  • Je change un filtre sur une CTA, quel impact indirect sur sa consommation en fonction du DJU ?

Rien de mieux qu’un test en réel avec de vraies données pour constater immédiatement des performances du logiciel.

Dashboard de sensibilisation

Le défi pour l’Energy Manager est de pouvoir communiquer, présenter des messages, des données pertinentes et compréhensibles, ce qui bien différent du domaine analytique vu précédemment.

Pour cela, il existe le Dashboard, placé à l’accueil ou dans la salle de pause, il affiche les principaux indicateurs, mais aussi des conseils, des messages, des alertes, etc. C’est un élément de communication interne et même externe auprès des visiteurs. L’entreprise fait des progrès et investissement, il est normal d’en tirer une image positive de la “green attitude”.

Les produits logiciels de management énergétique proposent en général des affichages « préconstruits » ce qui est pratique mais ne laisse aucune possibilité à l’énergy manager en termes de personnalisation, en d’autres termes votre communication est laissé au bon vouloir de l’éditeur.

Il est préférable de notre point de vu de conserver en permanence la gestion de la diffusion et de son contenu pour l’adapter en permanence à la situation moyennant une légère prise en main avec des outils de haut niveau sans se soucier de la technologie HTML 5 sous-jacente, ce n’est pas le métier de l’Energy manager.

Conclusion

C’est un métier passionnant et complet qu’il faut accompagner d’outils correspondant à leur démarche. Avec un investissement extrêmement réduit pour l’achat d’un SME, cela leur fera gagner du temps et de nombreuses manipulations de données. C’est aussi un outil facilitant grandement la collaboration au sein de l’entreprise avec lequel l’Energy manager va pouvoir s’exprimer.

MIV a le souci d’anticiper les besoins de l’Energy Manager auquel j’ajouterai le service de maintenance souvent fortement associé à la démarche énergétique avec l’expérience et le retour client sans prendre le rôle celui-ci.